« L’Amour Médecin » est la première pièce jouée par la Nouvelle Troupe du
Roi Louis XIV en 1665. En ce temps là, la médecine est impuissante et
bloquée par l’obscurantisme religieux. En choisissant ce thème de la satire
anti-médicale, Molière s’inscrit dans le prolongement d’une longue
tradition, à la fois populaire, celle de la farce et de la comédie dell
Arte. Fort d’une solide culture médicale, son approche comique de la
médecine est totalement fondée et maîtrisée.
Sganarelle, quant à lui est un personnage burlesque, grotesque et ridicule.
Son nom inventé par Molière (du verbe italien « sganare », dessiller, ouvrir
les yeux) suggère la farce. Père de famille égoïste et crédule, il est dans
l’Amour Médecin, dupé par sa fille amoureuse et prête à tout pour sauver son
amour. Molière aimait ce personnage humain et naïf qu’il avait inventé de
toute pièce et que les autres protagonistes de la comédie vont se faire un
plaisir de rouler dans la farine.
Le ton de la satire monte avec « L’Amour Médecin ». Molière s’octroie en
effet la liberté de ridiculiser quatre médecins de la cour, provoquant les
rires du public.
L’interrogative de Sganarelle : »Est-ce que les médecins font mourir ? »
n’est plus totalement d’actualité, mais lorsque ce personnage murmure :
« Chut ! N’offenser pas ces messieurs là », c’est le « pouvoir médical »
auquel il est fait allusion. L’attaque est forte et les médecins pâtissent
de cette mauvaise réputation qu’ils ont de gagner de l’argent sur le malheur
des autres ou mieux encore sur la mort des autres.
Jean-Baptiste Poquelin (Molière), sans cesse atteint de maladie, connu aussi
bien de grands succès que l’échec total. Sa santé comique fait rire et,
« L’Amour Médecin », comme pour chasser la maladie et conjurer le mauvais
sort est un titre en forme d’appel à un certain amour sorcier qui guérit.